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Transcription É2 Podcast d'Éco Alternatives

January 20, 2023

Cet article est la transcription du deuxième épisode de notre balado, le Podcast d’Éco Alternatives. Cet épisode parle de la place accordée à l’environnement dans le système de santé. Vous pouvez l’écouter en cliquant ici.

Émie - Bonjour et bienvenue à ce deuxième épisode du podcast d’Éco Alternatives, où on aborde l’environnement sous un angle humain et accessible en donnant la parole aux citoyennes et citoyens qui tentent de mettre sur pied et d'intégrer à leur quotidien des habitudes, des produits, des mentalités plus écoresponsables. Aujourd’hui, on parle de la place de l’environnement dans le système de santé avec Pete, infirmière dans la région de Québec.

Salut Pete, ça va bien?

Pete - Oui, ça va bien, toi?

É - Oui merci! Merci beaucoup d’être là. L’équipe d’Éco Alternatives est très contente de te recevoir aujourd’hui.

P - Merci beaucoup! (rire)

É - Avant toute chose, j’aimerais que tu nous parles un peu de toi, donc quels postes t’as occupés dans ta carrière, n’importe quelle information que tu trouves pertinente et que tu es à l’aise de partager.

P - Je suis née en 1996 (rire). Non mais pour vrai, je suis infirmière depuis 6 ou 7 ans, je sais pas compter, pour Chaudière-Appalaches en fait. J’ai commencé comme infirmière en CHSLD. J’en faisais 3 différents en Beauce, puis après ça j’ai changé pour Info-Santé pendant 3 ans. Comme je dis, mes chiffres arriveront peut-être pas. J’ai travaillé 3 ans à Info-Santé, pis là ça fait un an que je suis en clinique médicale à Lévis avec les gens, en personne.

É - C’est une clinique privée hein?

P - Entre les deux. C’est une clinique qui est privée mais nous on est prêtés par le public feck les gens peuvent aller là, rentrer comme de l’eau dans un moulin (rires). Plus ou moins (rires). Ils n’ont pas besoin de payer pour venir consulter.

É - Ok, ok. C’est un concept avec lequel je ne suis pas familière, vois-tu.

P - C’est compliqué.

É - Donc, tu vas avoir touché quand-même à différentes sphères, disons, du système de santé? C’est pour ça que je trouvais ça intéressant de t’inviter aujourd’hui.

On commence en force avec une question que j’ai posée à Léa dans le premier épisode pis que je compte poser dans le fond tout au long des différents épisodes. Pour toi, qu’est-ce que la justice écologique? Donc… sans nécessairement avoir de connaissances, ni sur la justice ni sur l’écologie, à quoi ça te fait penser? Qu’est-ce que ça t’évoque? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.


P - Ok. Mon dieu. C’est la première fois que j'entends l’expression « justice écologique », feck je vais y aller vraiment avec c’que je pense. De la façon que je le vois, c’est comme si, vu que avant, la planète avait toutes ses ressources pis nous on n’étaient pas le cancer qui était dessus (rire). Présentement, la justice écologique c’est que maintenant, on va redonner à l’environnement ce qu’on lui a pris. Feck il faut faire des sacrifices nous aussi de notre côté parce que nous on a comme bousillé ce qu’on avait, si on peut dire ça comme ça. Mais ouin, moi je pense justice écologique je le vois comme… c’est pas juste de dire : « ah, je vais faire quelques changements », non. « Faut que je change ça là là parce que c’est maintenant ou jamais ». Je le vois comme ça.

É - Oui, bin je trouve ça très pertinent. Comme on avait mentionné, pour revenir rapidement sur la définition qu’on avait établie au premier épisode, c’est un concept qui est très vague encore, qui est pas nécessairement utilisé beaucoup. On entend parfois « justice climatique », « justice écologique », « justice environnementale ». Mais il y a une notion importante, oui, de responsabilisation des acteurs de changement, donc les droits et les devoirs envers l’environnement, comme tu as mentionné, ça rentre tout à fait là-dedans. Sinon, il y a l'aspect légal aussi, de pouvoir, par exemple, poursuivre des institutions par rapport à leur empreinte écologique, pour inaction climatique par exemple, des choses comme ça.

Il y avait aussi… y’a beaucoup de liens directs et indirects avec la justice sociale. Souvent, tsé, les régions du monde, ou les communautés d’un endroit précis, qui sont victimes d’inégalités sociales vont souvent être celles qui vont aussi être victimes d’inégalités écologiques. Pis, plus spécifiquement dans le domaine de la responsabilisation des acteurs de changement, qui peuvent inclure autant les gouvernements que chaque personne aussi, ou d’autres institutions, comme les entreprises, des trucs comme ça. J’ai trouvé l'initiative de l’IFMSA, la Fédération internationale des associations d'étudiants en médecine, qui a une branche au Québec. Dans les dernières années, cette association-là à lancé plusieurs campagnes de sensibilisation concernant le lien entre environnement et santé, autant au niveau de l’impact de l’environnement sur la santé, que de l’impact du système de santé sur l’environnement.

P - Des deux bords.

É - Exactement. Ils ont parti des campagnes de sensibilisation, ils ont offert des conférences, des trucs comme ça. Ils ont aussi fait un appel directement au gouvernement. [Voir 2020, Empreinte écologique des hôpitaux et 2021, Changements climatiques et développement durable] , avec des demandes spécifiques et tout. Ils en ont fait un il y a 3 ans environ puis ils ont fait une campagne il y a sept ans, de ce que j’ai vu dans mes recherches. Est-ce que tu connaissais cette initiative-là, est-ce que t’en a entendu parler?

P - Euh non. J’ai pas entendu parler de cette initiative-là. C’est juste toi qui m’a envoyé le MOOC [massive open online course, formation à distance de niveau universitaire gratuite, mais non créditée] sur FUN? En tout cas, j’ai oublié le nom.

É - Oui oui, c’est FUN. Dans le fond, je l’avais retrouvé dans mes recherches aussi. En 2019 et 2020, L’INSPQ ou Institut national de santé publique du Québec…

P - My boy!

É - …a diffusé le cours gratuit Changements climatiques et santé : prévenir, soigner et s’adapter, qui était offert, oui, sur la plateforme FUN. Je t’en avais parlé à l’époque. C’est les seules initiatives pas mal que j’avais trouvées qui sont comme… qui rentrent dans l’aspect de responsabilisation gouvernementale ou des institutions vraiment significatives en matière de justice [écologique] disons.

P - C’est vraiment plus toi, ouin, qui m’avait parlé de ça, parce que c’est pas le genre d’initiatives dont on se fait parler nécessairement. Ou plutôt, on reçoit tellement d'informations de tous bords tous côtés. Si jamais on avait reçu de l’information, c’est peut-être dans le bas d’un courriel ou une pile parmi tant d’autres (rire).

É - Ouin, parce que juste en étant aux études ou quand on commence nouvellement sa carrière, on est complètement submergés d’informations, de connaissances, de nouveaux contacts, de nouvelles procédures à assimiler aussi. Feck, je comprends tout à fait. C’était juste une curiosité personnelle parce que moi j’en avais entendu parler [de l’IFMSA] via un autre organisme lié à l’environnement si je ne m’abuse, mais je n’ai pas rentendu, depuis ces campagnes-là, que ça avait eu des impacts concrets sur… ils offrent énormément de services, l’IFMSA, mais à l’extérieur de l’organisme pis des impacts concrets qu’eux ils ont, j’ai pas entendu parler de si y’avait des mesures quelconques qui avaient été mises en place par le gouvernement suite à leurs demandes. Donc, ça sera à voir là, dans les prochaines années peut-être.

É - Pour rentrer plus…

P - Dans le vif!

É - Exactement, au cœur du sujet, selon mon humble avis, il y a deux directions principales que peut prendre la conscientisation à l’environnement dans le système de santé. La première se situe plus au niveau gouvernemental ou institutionnel, qui conscientise le personnel médical. Quand je dis personnel médical, je veux dire vraiment n’importe qui qui peut travailler dans le domaine de la santé. Je sais pas si c’est le terme exact.

P - Il y a plus qu’un terme mais lui ça englobe bien tout le monde qui travaille dans un établissement de santé : ça peut impliquer la secrétaire médicale, ça peut impliquer le concierge. Ça peut impliquer n’importe qui qui est là.

É - Bin exactement, c’est ça que je veux.

P - Le concierge! (rire)

É - Impliquer toutes ces personnes-là. Donc, que ces personnes-là soient conscientisées avant leur carrière ou tout au long de leur carrière, par des formations continues ou durant leurs études. La deuxième, ce serait le personnel médical qui conscientise sa clientèle, ses patients. Ça, ça m’apportait justement différentes questions. J’aimerais savoir personnellement, dans ton expérience toi, durant tes études, est-ce que tu as entendu parler de l’impact environnemental du système de santé, des conséquences de la pollution ou de la contamination de l’eau, de l’air, sur la santé, de l’environnement sous une forme ou sous une autre? Pis aussi durant ta carrière, est-ce que t’as eu des formations là-dessus?

P - Je tiens toujours à préciser, ça c’est juste mon expérience. Très subjectif, feck ça représente pas tout le monde. Mettons, dans ma carrière, j’ai pas été beaucoup à l'hôpital. J’ai fait des stages, mais j’ai beaucoup touché ce qui est à l’extérieur de ça. La première partie que t’as soulevée comme point, l’impact de la santé sur l’environnement, ça, je pense pas qu’on en aille tant que ça parlé. Dans le sens où le système de santé produit tels, tels déchets, telle pollution, si, ça, pas vraiment. L’inverse, un peu plus. C’est pas la première chose qui est mis de l’avant. Probablement que c’est plus un sujet qui est discuté à l’université parce qu’au Cégep c’est plus la survie jusqu’au bout du processus de devenir infirmière. Rendu à l’université, on va plus dans des plus grandes idées si on peut dire ça comme ça.

É - Des enjeux plus vagues.

P - Ouin, des enjeux plus vagues, je pense c’est la bonne façon (rires). Mais l’environnement, je me rappelle d’en avoir un peu parlé dans mes cours du moins, mais l’environnement plus par rapport à nous autres. Dans le futur, qu’est-ce qui peut arriver, ou je veux dire, j’ai l’exemple d’une infirmière dont on avait parlé dans un de nos cours qui est à Limoilou [quartier de la ville de Québec]. Pis là, les résidents de Limoilou, à cause de la poussière rouge, je ne sais pas si t’as entendu parler de ça… à cause les déchets du port, ça fait de la poussière rouge qui se ramasse partout à Limoilou, pis là les gens de Limoilou sont vraiment plus malades. Là, c’est encore juste ce que j’me rappelle. Mais tsé les gens sont vraiment plus malades à cause de ça. Pis, cette femme-là qui est infirmière, elle s’est mise à vraiment documenter ça, parce qu’elle, elle voulait qu’il y ait des restrictions faites pour les activités du port, pour que ça arrête de venir toucher la santé des gens qui résident à Limoilou. Son mari, son chum, peu importe, [son] partner, lui, je pense il est un scientifique quand-même connu dans ce qu'il fait. Feck elle avait vraiment faite une démarche scientifique, factuelle avec tout pour vraiment montrer ça, ces poussières-là, c’est telle affaire, ça cause telles choses. Pis elle était capable de recenser quasiment que les gens vont consulter au CLSC, à l’hôpital, pour telles raisons dans ce coin-là. Pis c’est toute ça qui ont. Pis ça pas été pris au sérieux. Pis c’est encore en cours. Ça fait des années que c’est en cours, qu’est en train de monter ça, prouver ça. C’est vraiment David contre Goliath, c’est 100% ça qui se passe. C’est elle contre le Port de Québec. Bonne chance!

É - Ouin c’est… ça fait un lien je trouve avec ce qu’on disait par rapport, justement, à la justice sociale, dans le sens où, souvent, quand un quartier, une communauté, une minorité visible même aussi a moins de ressources sociales, moins de privilèges, moins de temps, moins d’énergie, moins d’argent. Souvent, quand elles voient des inégalités dans d’autres sphères de leur vie comme par exemple l’environnement, [elles] ont pas les ressources nécessaires pour se défendre dans le fond. Feck même en ayant des informations, même en ayant un suivi avec des professionnel.le.s dans les domaines d’expertises qui sont importants dans cet enjeux-là : analyser les composantes polluantes pis analyser l'aspect de santé. À travers tout ça, justement, on est encore en train de se battre après des années pour la santé des humains, qui est très importante, mais on n’a même pas encore commencé à considérer la santé de l’environnement là-dedans. C’est quoi l’impact de cette poussière-là sur tout le monde, sur tous les êtres vivants? C’est un exemple parfait de…

P - De toutes les concepts.

É - Exactement, de tous ces concepts-là qui s’entrecroisent et qui s'inter influencent, j’aurais envie de dire.

P - Parce que c’est vraiment plus l’environnement sur la santé que le domaine de la santé, tout ce qu’il produit comme déchets. Parce que je vous dirais… vous! Vous autres-là (rires), toi et les quatre autres esprits dans la pièce (rires). Je dirais que, quand je regarde un étage de soins infirmiers… d’hôpital, toute ce qui est emballé individuellement dans un bout de plastique de ci, de ça. Juste ça, s’il y avait un effort de fait. Bin, un effort… De qui? De quoi? Par rapport à…

É - Oui, oui, ça reste un concept.

P - C’est gros là! tout ce qu’on utilise en santé, c’est toute individualisé. Feck moi, si je veux t’installer un cathéter, le cathéter est dans un gros emballage en plastique. Tu le sors, pis il y a un autre bout en plastique à enlever, pis il y a un autre bout en plastique à enlever. J’ai pas vu grand emballage réutilisable de carton. Dans l’équipement médical, juste ça, s’il y avait une démarche alternative de faite dans ça, je suis sûre que ça ferait une différence. Parce que je veux même pas savoir la quantité de déchets qui doit sortir… J'arrête pas de parler des hôpitaux comme si j’avais été là toute ma vie, c’est la place que j’ai le moins été. Mais y’a quand-même beaucoup de déchets qui sort de ça. Parce que justement, t’es comme : « Mais là j’ai pas le temps de penser à mon recyclage, il se vide de son sang ». Dans le vif du moment, c’est pas ta priorité, mais il faudrait quand-même que quelqu’un, quelque part y pense pour que nous on n’aille pu à y penser pendant qu’on est en train de sauver des gens. En même temps, il y a d’autres affaires qui peuvent être faites aussi. Je veux dire, j’ai pas entendu parler : « Ho my god, le système de santé, il gaspille vraiment tant de chose ». On le soulève pas, ça, ce point-là.

É - Non, c’est ça. Je trouve que c’est une discussion qu’on n’a pas du tout en tant que société, comme l’impact non seulement du système de santé, mais de tous les autres systèmes. Est-ce qu’il y aurait moyen d’optimiser certaines choses, et tout. À quel moment on a arrêté d’y réfléchir? À quel moment on a déterminé que on emballait chaque chose, comme tu dis, individuellement, pis que c’était ça pis c’était ça, pis il y avait pas d’autre meilleure façon de le faire, y'avait pas d’autre moyen plus sécuritaire. Y’avait pas de meilleur moyen, bref, pis qu’on allait pu besoin d’y réfléchir pis qu’on a décidé que c’était ça. Pis si ça correspond aux critères en termes d’hygiène, de salubrité, on arrête de réfléchir à quoi que ce soit d’autre.

P - C’est vrai qu’en même temps dans notre cursus, on en parle quand-même de l’aspect de… on sait que l’environnement fait partie de notre santé, mais on est comme : « c’est important, faut qu’on s'occupe de l'environnement ». Mais on pense même pas au fait que, crime, nous autres aussi on est inclus dans l’environnement.

É - Oui, c’est vrai!

P - Nous autres aussi on contribue à l’environnement dans lequel on est. Feck se conscientiser, peu importe, en dehors du domaine de la santé, nous autres faire des efforts personnels, en dehors du travail, en dehors de notre profession, pour que justement on contribue tous ensemble au long terme à la santé des gens qui rentrent dans nos établissements de santé. Parce que finalement, on pense beaucoup à l’environnement au sens large, mais on n’y pense pas dans le sens de : « On est dedans nous aussi. Il y a quelque chose qu’on peut faire nous aussi ».

É - Oui, c’est ça, exactement. Pis chaque personne qui est professionnelle dans le système de santé peut aussi se retrouver cliente du système de santé à un moment ou à un autre. On ne pense pas nécessairement non plus à toute cette…

P - Dynamique-là.

É - Oui, à toute cette dynamique-là, exactement qui fait que on a une responsabilité, comme tu disais, de tous les côtés, de toutes les façons. En tant que personne qui se fait former, qui doit aller chercher de l’information, en tant que personne qui forme sa clientèle aussi en termes de bonnes habitudes de vie. Ça porte à réflexion, c’est quelque chose, en tant que société, qu’on devrait plus je crois mettre de l’avant. Parce que je pense que s’il y avait plus de prévention en santé en général, ça apporterait vraiment… tsé on parle tout le temps que le système de santé est surcongestionné pis qu’on s’en sort pas. Il y a des connaissances qu’il serait peut-être utiles d’avoir, sans se lancer toutes dans l'herboristerie pis la culture de champignons sauvages (Pete rit).

P - C’est tu du chaga? (rires) Est-ce que tu me parles de chaga? (rires)

É - Non mais, sans développer une expertise individuelle, on pourrait toujours bin savoir c’est quoi les premiers signes de tels maux pis de tels maux. Pis de savoir…

P - Arroser ta cour de ciment avec de l’eau, c’est inutile Gaetan (rires).

É - Effectivement, effectivement. Pis au-delà de ça, on devrait peut-être savoir aussi plus…

P - La dynamique entre toutes les choses parce que moi, je vais beaucoup parler de saines habitudes de vie, dans le sens mangez [mieux, bougez plus], ce que les annonces disent (rire). Mais habitudes écologiques, j’aborde pas ça, ça fait pas partie de mon… bin indirectement un peu oui. Parce que si je te dis de marcher pour te rendre quelque part au lieu de prendre ton auto, c’est toujours bin ça. Indirectement, oui. Mais au final, les gestes écologiques à poser aussi pour l’environnement, mais ça je pense que ça va peut-être être plus… attirer des patients plus jeunes?

Dans le sens que ce qu’on voit beaucoup dans les hopitaux, c’est pas des 30 ans et moins. C’est beaucoup plus des 60 ans et plus. C’est sûr que parler d’écologie à quelqu’un qui est sur le bord du trépas… je ne parle pas des 60 ans là mais quelqu’un qui est plus âgé… j’essaie d’y faire comprendre qu’il est diabétique et qu’il faut qui arrête de manger du gâteau trois fois par jour, c’est une étape en soi. S’il faut que j’y rappelle en plus qu’il est censé recycler sa boîte de gâteaux Vachon, on va le perdre (rires).

É - C’est sûr que c’est… c’est un irritant, disons, auquel je n’avais pas nécessairement réfléchi. J’amène furtivement un autre sujet, mais c’est vrai que la réticence de la clientèle n’est pas à sous-estimer. Parce que c’est certain, comme t’as mentionné plus tôt, que les personnes qui viennent pour un problème de santé qui… parfois ça peut déjà être difficile, ça peut déjà avoir été un obstacle pour eux de s’y rendre à l’hôpital ou peu importe. Pis que ça a peut-être été long avant qu’ils puissent avoir les tests nécessaires pour avoir le diagnostique. L'environnement est à des années lumières dans leur liste de priorités. C’est sûr que si quelqu’un s’est coupé le bras par accident en faisant de la construction, il ne pensera pas au fait que le bandage est emballé individuellement (Pete rit). Il dira pas : « Oui, pourriez-vous prendre un tissu biologique à la place, s’il vous plaît? » On comprend.

P - « Est-ce que c’est à base de bambou au moins? » (rires)

É - « Est-ce qu’ils sont…

P - réutilisables? »

É - C’est ça!

P - Il y a du sang dessus, c’est propre! (rires) Mais, en même temps, ça empêche pas qu’il pourrait y avoir une branche quelconque, soit exemple, pendant qu’on est aux études. C’est le moment de nous prendre, quand ’on est aux études. On est ouverts à tout, toute la vie est devant nous, qu’on n’est pas encore dans notre métro-boulot-dodo. Justement, de dire : « on fait un cours de ça, l’environnement des deux bords, pis qu’est-ce qu’on peut faire pis comment rajouter ça à notre pratique dans notre quotidien ». Je pense que ça serait un bon début de mettre ça dans les universités encore plus clairement. Feck là t’es déjà plus conscientisé.e.s quand t'arrive sur le plancher plutôt que t’es l’infirmière peut-être déjà blasée de 6-7 ans… C’est pas moi l’infirmière (rires). L’infirmière déjà blasée de 6-7 ans que mettons la t’essaie d’étudier : « Demain, on va parler d’écologie. Moi, je suis encore en 16 heures [de travail] aujourd’hui, ça m’intéresse pas ». Je pense que partir… de parler de ça dès le début, ça ferait déjà une plus grande ouverture quand t’arrives après ça sur le milieu de travail : « Ok, je vais continuer d’y penser, je vais aller chercher d’autres informations ». Ou bin même à ma clinique médicale, on fait des groupes d’enseignement sur le diabète, sur le cholestérol. Faire un groupe d’enseignement sur l’environnement pis la santé, je suis sûre que ça pourrait concerner des gens aussi. Je sais pas qui (rire), mais à la limite, si on faisait ça, des petites conférences, par exemple ce serait à l’interne, les infirmières, peu importe, n’importe qui qui est dans l’établissement de la santé, qui dit : “Hey, on offre ça parce que c’est important pour nous”, ça serait vraiment pertinent aussi. C’est quelque chose que… soit t’as déjà un intérêt pour ça, [soit] on te l’a poussé dans gorge cet intérêt-là.

É - Parce que c’est vrai que y’a grand chose dans notre culture qui nous pousse à entretenir notre lien avec l’environnement comme étant un membre de notre famille ou une partie de soi. Donc, c’est sûr qu’il faut aller le chercher de très loin. Sinon, on essaye de s’en éloigner le plus possible. Inconsciemment, indirectement, mais c’est quand-même ça qu’on fait, dans le fond.

P - On parle beaucoup de santé holistique. C’est vraiment ça le nouveau mouvement. L’humain, mais pas juste dire : « ok, je m’occupe juste d’une personne, je m’occupe de cette personne-là, de sa famille, tout le monde autour ». Ils viennent en paquet de plusieurs. Mais l’environnement, il est pas explicitement nommé. Ou plutôt il l’est, mais pas dans le sens de environnement les ti arbres, plus dans le sens de environnement salubrité, environnement toxique ou pas. Il est plus vu comme ça, feck c’est toujours sous-entendu. C’est jamais explicitement dit : “Environnement, les feuilles, les arbres, la nature, le recyclage. Ça reste que on voit l’environnement comme ayant un effet sur la personne. Donc si tu vis, justement, à Limoilou, pis que y’a de la ‘tite roche qui se ramasse dans tes poumons, on va y penser. Mais on pensera pas à : « qu’est-ce que je peux faire de plus? ». On va constater que ton environnement nuit à ta santé, mais on fera pas un grand ménage du printemps.

É - C’est ça. Comment prévenir, comment réduire l’impact [pour] les personnes qui sont déjà impactées pis comment empêcher que y’aille d’autres personnes qui souffrent de cette problématique-là maintenant qu’on en a conscience.

Si je comprends bien, si j’absorbe tout ce que tu m’as dit.

P - Non, tu fais pas ça (rires).

É - Mettons que je le fais pareil!

P - T’as un essui-tout recyclable j’espère au moins (rires)?

É - Réutilisable pis toute, pis toute. Mettons je prends tout ça mis ensemble, si je comprends bien, ni depuis le début de ta carrière, ni avant dans tes études universitaires, ni avant même dans tes études collégiales, t’as vraiment entendu parler de l’environnement? [Il] a jamais eu une place si grande dans ta carrière, dans ton cursus?

P - Non. Non (rire). Ça a toujours été sous-entendu. Ça a jamais été explicite. C’est vraiment plus, comme j’ai dit, on constate le problème. Ça vaut autant pour la santé que pour l’environnement. On sait qu’on doit faire de la prévention, on voudrait mettre ça de l’avant, mais on est plus rendu au stade où on éteint des feux. C’est tout le temps comme : « Je constate que c’est ça, feck maintenant je vais faire ça. Je constate que c’est ça… ». Dans la prévention, on n’est pas autant là qu’on pourrait l’être selon moi. C’est vrai que l’environnement a toujours été sous-entendu dans mes études. Surtout à l’université, parce qu’au Cégep je te dirais que c’était surtout de trouver le foie (rires). C’est encore un mystère à ce jour (rires). Ça a toujours été sous-entendu. La réponse longue à ton constat rapide.

É - Ok, feck globalement, toi t’es-tu satisfaite de la place qui est laissée à l’environnement dans le système de santé? Dans tes formations? Ce que je comprends de ce que tu me dis, c’est que t’aimerais qui aille une plus grande place qui est accordée aux connaissances. Pis si je comprends bien, même, tu trouverais ça plus efficace que ce soit en amont, avant même que ta carrière commence, que t’ailles déjà eu plus d’information sur, bon, c’est quoi exactement l’environnement, l’importance de la nature, ou les bienfaits de juste passer du temps en nature et tout. Comment ça peut aider à la guérison, des trucs comme ça. Puis aussi, on n’est même pas encore rentrés dans… donner des informations sur comment aider sa clientèle à mettre une plus grande… accorder une plus grande importance à son milieu de vie. L’impact que son milieu de vie a sur soi mais l’impact que la personne a sur son milieu de vie aussi. Ça pourrait être comme une…

P - C’est vrai, ça pourrait vraiment être mis de l’avant. Au quotidien, est-ce que j’y pense? Pas nécessairement. Mais quand je prends ce moment de recul qu’on prend en ce moment, il y aurait de la place pour plus que ça. Moi, si tu me donnes un cours que c’est une randonnée dans le parc de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier [Parc national de la Jacques‑Cartier] pis tu me parles de… on fait une randonnée ensemble. Avant ou après, peu importe, on s'assoit sur des tapis pis on parle ensemble d’environnement pis de santé. Wow! Je suis sûre qu’il y a plein de monde qui irait. J’ai l’impression qu’il y a une effervescence quand t’es à l'université. Tu veux apprendre, t’es là pour apprendre. T’es là pour ça. Ton cerveau est malléable. T’es dans un mindset où : « Je suis là pour apprendre. Apprends-moi ce que tu veux, mais apprends-moi. » Je viens de penser à ça. J’ai tellement des bonnes idées! Non mais c’est vrai! J’avais un cours optionnel pour dire dequoi. Non mais, je suis sûre que ce serait mis comme cours optionnel si c’était mis de l’avant (rire).

É - Oui, bin, faut pas rêver non plus, hein (rires)?

P - Je suis réaliste [confusion] je vois des choses. C’est sûr que ça serait un cours optionnel. Par exemple, ce serait un cours environnement et santé, l’impact des deux bords. Pis que mettons dans le cours, on irait faire de la rando, on irait faire de la raquette, pis qu’on parlerait de ça au travers, je suis sûre que ça pognerait. Je veux dire, on pourrais-tu avoir des rabais en même temps? Mais je suis sûre que ça marcherait, puis en même temps, on aime tellement ça avoir du concret. Souvent, à l’université c’est comme du pelletage de nuages, c’est ci, pis ça. C’est souvent ça qu’on entend pis qu’on va dire. Si on serait capable de rallier ça à quelque chose de tangible. On va te parler d’environnement et de santé, mais on va faire une rando d’une demie heure avant ou après. Ou on la fait, on s’assoit, on en parle, on est détente, on est relax. On se sent plus concernés parce qu’on est dedans plutôt que d’avoir un cours magistral à 300 élèves que tout le monde fait semblant d’écouter, mais on sait que tout le monde magazine sur Simons pis regarde des vidéos de pétage de boutons (rires). Been there, done that (Émie rit)!

É - Ho my god, ouin.

P - Ça serait une façon tellement pertinente d’amener ce sujet-là, que tout le monde... Tout ceux qui me parlent d’écologie, c’est : « Ha, c’est ça, les véganes, zéro déchet, nanana, ils se lavent pas ». Pis des fois c’est vrai (rire). Le stéréotype là. Souvent, ça arrête là. Tout le monde se ferme à ça, versus si c’était déjà mis en place, je sais qu’on serait plus conscientisés, de la même façon que t’es en santé, t’es bin plus conscientisé.e. J’ai un de mes patients, je dis qu’il faut qui fasse de l’exercice à tous les jours, pis j’en fait même pas. Je suis qui [pour lui dire ça]?

É - Oui, c’est drette ça que je pensais, justement. Quand t’en parlais, je me disais ; « Mais c'est-tu une belle façon aussi de promouvoir la santé au sein même de son futur personnel de la santé? » Parce que l’étudiant moyen à l’université n’est pas très très en forme [voir Sous ta façade (2018), enquête panquébécoise sur la santé psychologique étudiante]. Des fois, il se cuisine par lui-même pour la première fois, pas tant d’argent, pas tant de temps pour bien se cuisiner pis pour s'entraîner. Pis le stress pis l’anxiété pis l’angoisse dans le tapis.

P - Son épicerie au Dollarama (rire).

É - C’est ça, c’est pas… Feck oui, je note. Sérieusement, je trouve qu'on est sur quelque chose.

P - Je me sens sur quelque chose. Toi, tu te sens tu sur quelque chose (rires)? Tu sens-tu quelque chose?

É - Je ressens plein de choses!

P - C’est mon pet (rires). Désolé (rires). On parlait d’écologie, ça vient de prendre le bord (rires). Déchet toxique.

É - Revenons. Outre tout ça. Plus personnellement, toi, dans ta vie. J’aimerais savoir, si notre monde était plus écoresponsable. À l’extérieur même… dans le fond, en incluant le système de santé mais aussi dans toutes les autres sphères. Si le gouvernement, les institutions, si toutes les acteurs de changement se réveillaient demain et prenaient la responsabilité qui leur revient en matière d’environnement, qui investissaient là-dedans, qui disaient : « La prévention est maintenant la meilleure chose du monde », penses-tu que ça changerait quelque chose dans ta vie personnelle, dans ta vie [professionnelle]? Autant en tant que ancienne élève, qu’en tant qu’infirmière, qu’en tant que femme très occupée, est-ce que tu penses que plus de justice écologique pourrait te faciliter la vie?

P - Je pense que oui, dans le sens qu’aussi il y aurait des choses qui seraient mises en place de plus. C’est vraiment niaiseux là, mais j’ai déménagé pour être plus proche de mon lieu de travail. Je suis à quatre minutes d’auto, 11 minutes à pied. Je fais l’effort conscient tous les jours, autant que possible, de me rendre à mon travail à pied. Parce que c’est pas loin, pis en même temps ça me fait du bien de juste… de décrocher entre les deux. Il y a pas de trottoirs partout où je me déplace (rires)! C’est vraiment niaiseux, mais de mon appartement jusqu’à une partie de la rue, y’a la piste cyclable. En fait, non. Y’a un trottoir, mais juste d’un bord. Après ça, d’une petite section à une autre, il y a un bout de piste cyclable, et après ça t’as le boulevard. Mais sur le boulevard, il y a un passage piéton de trois bords sur quatre, ce que je ne comprends pas. Feck là, en théorie, je ne devrais pas traverser en ligne droite. Il faudrait que je fasse les trois coins pour me rendre en ligne droite d’où ce que je veux aller. Pis la section entre la piste cyclable pis le boulevard, il y a pas de trottoirs. C’est soit je marche dans le chemin, ou je marche sur le bout de ciment entre les deux, ou je marche à l’envers des… ça me purge à chaque jour qu’il n’y ait pas de trottoirs là! Je me sens pas safe. Pis les journées qui fait pas beau, comme actuellement ça a l’air, des journées de même, je me dis : « bon, je pourrais me déplacer à pied, mais en même temps, il n’y a pas de zone désignée pour que moi je me déplace. » J’ai peur de me faire rentrer dedans, parce que je suis pas sur un trottoir, je suis pas à la vue, je suis pas surélevée, pis en plus, oublie ça, c’est même pas déneigé! Je peux même pas… Y’a une journée je suis littéralement allée au travail en raquettes (rires).

É - En pleine ville en raquettes?

P - Il y avait une tempête de neige pis j’étais là : « Bon, soit que ça me prend 12 minutes déneiger mon auto, soit ça me prend 12 minutes me rendre à ma job ». Feck j’ai mis ma grosse suit, mon set up, pis je suis allée travailler. C’était vraiment dangereux. Il y avait rien de déneigé, j’étais en plein milieu du chemin. Je regardais partout pour être sûre de pas me faire rentrer dedans. Tu dis, si tout le monde se réveillait en même temps et faisait toute ça en même temps, il y aurait déjà des choses qui seraient mises en place pour qu’il y ait plus de place pour l’écologie. Avoir des trottoirs, avoir dequoi de visible pour que les gens se déplacent pis que ce soit plus sécuritaire. Au lieu de moi, quotidiennement devoir penser à quelque chose de plus écologique à faire, ça serait déjà pensé feck ça serait plus simple parce que j’aurais pas besoin d’y penser. Pis je pense que les gens sont bons, pis je m’inclus là-dedans, pour se déresponsabiliser. « C’est pas à moi de le faire ». Si tout le monde en même temps fait - Louis-Jean Cormier le dit si bien dans sa chanson Tout le monde en même temps (rire) - si tout le monde en même temps le faisait, toute serait là. Tout serait fait. On n'aurait pu besoin de : « moi j’y pense, elle a y pense, pas, lui y pense ». Tout serait pensé en même temps. Ce serait plus simple que toute serait fait en même temps.

É - Oui, pis t’apportes un point intéressant auquel j’avais pas nécessairement pensé mais la charge mentale dans le système de santé, ça doit être quand-même intense. Je veux dire, comparativement à certains autres métiers. Je veux dire, quand t’as la vie, la santé ou l’intégrité de gens entre tes mains ça doit… on doit avoir un tite pression une fois de temps en temps. Je me dis, en plus… déjà que, justement, tout le monde est tout le temps débordé, il y a toujours de la job en santé. C’est sûr qu’après ça, mettons que tu veux, t’as une volonté de te rendre au travail à pied, t’as une volonté de réduire ton empreinte écologique. Pis en plus de toute ta charge mentale de travail, ou pour te rendre à job, comme tu as nommé, t’as la charge mentale de même pas savoir si tu vas te rendre (Pete rit)! Santé, sécurité…

P - Optionnel! (rire)

É - Pour quelqu’un qui travaille dans le système de santé pour aller aider d'autres gens qui sont blessés.

P - J’va finir par rentrer ou s’que je va travailler.

É - C’est ça. C’est sûr c’est pas pertinent. Je veux dire… c’est qu’il y a un manque de cohérence dans le fond entre ce qu’on dit qu’il faudrait qu’on fasse en tant que monsieur, madame, X, insérez un nom non genré. Ils nous demandent quelque chose qui est pas pantoute accessible.

P - Oui.

É - Parce que si t’es une personne qui a pas beaucoup de temps, si t’es une personne qui a pas beaucoup de moyens, si t’es une personne qui a déjà une charge mentale extrêmement élevée, si t’es une personne qui a des troubles de santé mentale, c’est sûr que si t’as pas de trottoir sur la moitié de ton trajet pour te rendre au travail, t’iras pas à pied. Parce que t’as 1000 autres choses à penser. Si t’as un enfant en bas âge, si t’as un animal. Si ya pas de trottoir, tu pourras pas l’inventer.

P - Je fais même pas d’anxiété pis j’y pense pareil quand je me promène dans rue. Je veux écouter ma musique, mais je peux pas mettre mes deux écouteurs parce qu’en même temps faut que je reste aware de ce qu’il y a autour. Feck en même temps ça me donne envie d’acheter des écouteurs à conduction osseuse. C’est des écouteurs que tes oreilles sont à découvert mais l’écouteur vient comme se poser sur le bord de ton oreille. T’as l’oreille à découvert, t’entends tout, mais t’entends très bien ta musique aussi. Mais ça coûte 300 piasse pis c’est pas écologique non plus (rire). Tsé, se créer un besoin.

Mais en même temps aussi ça revient aux trottoirs mais en même temps les trajets d’autobus bonsoir, bonsoir à l’aide.

É - Ouin, surtout dans le coin de Québec, on va se le dire. Moi quand j’habitais à Québec, pour faire du pouce sur ce que tu dis, dans Sainte-Foy, le trajet à pied était toujours moins de 5 minutes plus long que le trajet en autobus. Si tu voulais te promener sur n’importe quelle artère principale ou sur les heures de pointe, c’était toujours plus court d’y aller à pied. Ça veut pas dire que c’était plus simple, par contre (Pete rit).

P - Non. Des fois je me dis : « Je pourrais prendre l’autobus, mais ça va me prendre une heure, ou 15 minutes en auto ou 18 minutes à pied ». C’est quasiment ça.

É - C’est ça. Quand il y a aucune option de transport qui répond à tes besoins ou quoi que ce soit, si t’as du matériel à traîner ou si t’as un enfant, tu peux pas juste te dire: « ok, là je pars ». Si t’as une urgence ou quelque chose.

P - Pis moi, en plus, je suis pas l’infirmière moyenne. J’ai 26 ans, j’ai 6 ans d’ancienneté. J’ai pas d’enfant. À partir du moment où t’as des enfants à embarquer dans le projet, l’écologie prend le bord tout suite. Parce que moi si y’a bin un dilemme que toutes mes collègues me radotent à tous les jours, non je les aime. Je dis ça comme si y’étaient pénibles, mais c’est pas vrai… c’est : « là faut que je parte à garderie parce que la garderie va me charger parce que je suis arrivée 5 minutes en retard, ha bin la ma petite a vomis, faut que je parte à la garderie ». La garderie rule the world. En tout cas, du moins, le mien, même si j’ai pas d’enfants (rires). Ça amène tellement d’autres problèmes parce que tu peux pas juste penser à l’écologie dans sa petite bulle tout seul. Parce que justement, tu dis : « je veux plus de trajets d’autobus », mais vas-tu vraiment traîner ton enfant de 18 mois avec sa coquille dans l’autobus? Même si ça se rendait. Y’a ça aussi. Mettons t’es un adulte ou t’as des grands enfants ou t’es moi qui est tout seule, ça va. Mais à partir du moment où t’as des jeunes enfants, l’écologie fait pu de sens. Bin pas fait pu de sens, mais c’est très dur à adapter.

É - C’est un privilège de pouvoir se soucier de l’environnement parce qu’il faut avoir l’espace mental que le citoyen.ne moyen.ne n’a pas. Dès que t’as plusieurs responsabilités, que ce soit dans ta carrière, que ce soit dans ta vie personnelle, que ce soit dans ton monde intérieur, tu peux juste pas. Je comprends que la personne à l’hôpital, que ce soit elle qui reçoit le soin ou que ce soit elle qui le donne, le soin, je comprends que dans l’urgence, quand la personne en avant de toi est dans un état grave, j’comprends que tu te dises pas : « Ha, bin, c’est sûr que si je prenais les gants que j’ai pas utilisés finalement ».

P - Sont dans mes poches. Je revenais tellement souvent, quand j’étais en stage ou quand j’étais en CHSLD, je revenais tellement souvent les poches pleines de gants en latex là. Fouille-moi pourquoi, je trouvais toujours des gants sur le bord de la porte quand j’en avais de besoin, mais y’en avait quand-même toujours plein dans mes poches, et dans l’excitation du moment de faut que je fasse dequoi, moi j’allais pas vers ce qui avait dans mes poches, j'allais vers la boîte sur le mur.

É - C’est sûr. Y’a une raison aussi. Dans le sens… on critique le système de santé, on le critique pis on le critique, mais tsé il a quand-même des installations qui ont été faites, qui ont été réfléchies exprès. Parce que dans l’urgence, tu regardes, tu le vois. gants, mur, tu y vas, tu le prends.

P - Tu pars.

É - [Confusion] c’est sûr que si y’a quelque chose qui doit être optimal, sur lequel ça vaut la peine qu’on fasse plus de compromis sur l’environnement, c’est probablement le système de santé. En même temps, justement, si on y allait plus en amont, qu’on faisait plus de prévention, on n’aurait pas besoin de faire toute… On aurait besoin d'utiliser vraiment moins de matériel parce que les gens seraient moins malades. Pis la pression mise actuellement sur le personnel médical serait vraiment moindre, parce que y’aurait moins de gens desquels il faut qu’ils s’occupent.

P - Bin oui! Dans l’utopie, oui (Émie rit). Non mais c’est vrai, parce que si… la prévention primaire, on le dit depuis vraiment longtemps, que c’est ça. Ça devrait être ça. Pis en théorie, quand tu vas voir ton médecin de famille, tu devrais pas aller le voir parce que t’as un problème. Tu devrais aller le voir parce que tu veux le prévoir. L’idée initiale d’un médecin de famille, c’était ça. Un CLSC, une clinique médicale, de ce que je me rappelle de mes cours, l’idée initiale c’est... Bin, ils le disent : « on est de la première ligne ». Première ligne, ça veut dire prévention.

É - L’entretien général.

P - Mais on fait pas de la première ligne, on fait de la mycose des ongles (rires). On essaye d’être dans la première ligne, on essaye. Mais en même temps, il y a des gens que je suis, je leur parle de saines habitudes de vie, je leur parle de ci, ça, ça. Ils me regardent, les gens, souvent découragés, pis ils sont comme…ils ont une vie en dehors de leur maladie pis c’est pas toujours possible de faire tout ce que je leur demande. Je suis probablement une des personnes qui est la plus réaliste dans mes conseils. Moi, je regarde le monsieur en avant de moi, pis sais que quand j’y parle… monsieur, madame, peu importe, j’y parle… Il faudrait que vous fassiez 30 minutes d’activité physique par jour, pis il me dit qu’il travaille de nuit pis qu’il est camionneur. Son 30 minutes de marche dans la journée, il le fait même pas dans l’année. Lui, il est dans son truck pis il se brasse, pis c’est tout. Quand je lui parle de : « Il faudrait que vous mangiez moins de plats préparés, faudrait que ce soit plus des plats maison ». « Je suis sa route à l’année longue, tu veux que j’aille où? J’ai pas le choix d’aller au McDo, j’ai pas ma cuisinière en arrière pis je me fera pas une ‘tite salade. » Pis même la ‘tite salade en question, ta sauce ranch est grasse en maudine.

É - Les gens le savent pas [non plus]. Ça m’amène une nouvelle question. T’as-tu entendu parler, toi, de nutrition dans tes études?

P - Oui, pas le choix. Je suis un peu un nutritionniste à temps partiel. Mais [confusion] on travaille toujours en collaboration. Collaboration, c’est le mot magique. On collabore. Mais pour ça, il faut pas que ta nutritionniste ait été coupée [faute de fonds pour la rémunérer] (rire). Mais, je veux dire, la nutrition, c’est le centre de bien des problèmes. Le diabète, le cholestérol, la haute pression, le ci, le ça. On sait que l’alimentation est importante, on a de l’information sur l’alimentation. Mais en même temps, je peux pas empiéter sur le rôle de la nutritionniste. Pis ça a l’air qu’avoir une nutritionniste, c’est un luxe dans bien des domaines, dans bien des places. C’est un luxe dans le sens que voir la nutritionniste… pis quand je parle à mes diabétiques de « faudrait que vous voyez un.e nutritionniste, pis que vous payez ça de vos propres poches », c’est pas l’affaire qui les intéressent le plus. Pis pourtant je leur explique : « Vous êtes diabétique parce que vous mangez… il y a d’autres facteurs, mais… Vous mangez ça, ça peut amener ça. Vous devriez faire des changements ». Ils ont toutes les raisons de mettre ça en échec. Feck oui on parle de nutrition, mais on peut pas aller aussi creux que la nutritionniste, surtout en matière de diabète, parce que c’est vraiment ma vie ces temps-ci, le diabète. J’en parle de nutrition, mais je peux pas en parler tant que ça. J’apprends aux gens à lire un tableau de valeurs nutritives, je leur explique à peu près : « Vous devriez avoir tant de grammes de sucres, tant de grammes de protéines par assiette ». Parce que mes diabétiques, ils ont pas 20 ans. Ils ont 70, 80 [ans]. Feck moi, si je leur parle de : « faudrait commencer à calculer vos protéines dans votre assiette”, on vient de perdre Monique (rire). L’idée est vraiment bonne. C’est toujours ça. La théorie et la pratique, c’est la dualité qui est toujours là. En théorie, c’est vraiment l’fun. Je fais mes groupes d’enseignement sur le diabète, j’aime vraiment ça expliquer le diabète, parler de ça. Après ça, quand je m’assois, one on one avec un pis que j’y explique : « faut que vous faites ça, ça, ça », la vie embarque pis ça marche pu. Des fois je suis comme : « juste enlever votre manteau sur votre tapis roulant, c’est-tu quelque chose de possible » (rires)? Je leur dit tout le temps : « je sais, je suis sûre que vous avez un tapis roulant dans votre cave pis il sert de portemanteaux » (Émie rit). Pis 9 fois sur dix, c’est vrai. Et la neuvième fois sur 10, c’est moi (rires)! Oui, on parle de nutrition, mais pas autant qu’on pourrait. Parce qu’en même temps, on empiète sur le titre de quelqu’un d’autre pis aussi… le rôle de l’infirmière, c’est un rôle… c’est vraiment une profession valise. Parce qu’on est à mi-chemin de beaucoup d’autres titres professionnels. Je suis un peu TS [travailleuse sociale], un peu médecin, un peu pharmacienne, un peu nutritionniste, un peu ergo[thérapeute], un peu physio[thérapeute]! Je suis un peu toute. J’ai une science à part entière, parce que maintenant, on parle de science infirmière. Ma science, elle vient toucher tout le monde. J’ai pas mon expertise là-dedans. Pis si y’a bin une affaire sur laquelle on met l’emphase, c’est le jugement. Le jugement de l'infirmière. C’est ça notre force, notre jugement. Parce qu’on voit tout, on fait affaire avec un peu tout le monde, feck on a un peu de l’expertise de tout le monde. Des fois on est un peu liés par: « Bin, je peux pas faire ça. J’aimerais ça vous dire ça, mais je peux pas faire ça. Faut que je vais vous référer à telle personne. » « Faut-tu que je paie? ». Ou bien : « Y’a une nutritionniste, mais vous allez peut-être la voir juste dans 6 mois ». Mais moi, je veux voir les résultats de mon diabétique vas-tu mieux dans 3 mois. Pis c’est des vrais chiffres.

É - T’es comme arrêtée par les délais qui font que tu peux même pas faire ton travail tel qu’il t’es demandé. De faire des suivis serrés comme les personnes ont besoin, tu peux même pas le faire. Même si tu voudrais, t’aurais beau prier, ça arriverait pas plus vite.

P - On se reparle dans trois mois, sont dans mon bureau, sont tout motivés : « oui, oui, j’va faire ça, ça pis ça ». Finalement, c’est : « je me suis blessé.e au genou », « je me suis fait si », « je me suis fait ça », « c’est Noël ». Ces temps-ci [épisode enregistré le 23 décembre], mes suivis de diabète, on s’en reparle l’année prochaine parce que, bof (rires). Ils ont trois mois pour tout changer (rire) avant que soit j’augmente leur médication, j’en enlève… bin j’en enlève jamais… mais je veux dire. Souvent, quand on parle de cholestérol, parce que c’est beaucoup ça aussi. Ce que j’explique aux gens, c’est que haute pression, diabète, cholestérol, bin diabète on le sent. Mais mettons cholestérol pis haute pression, physiquement, vous le sentez pas. Vous pouvez pas faire : « Mon cholestérol est haut ». Ça ne se prend pas manuellement, il y a vraiment juste les prises de sang qui vont le dire. Feck c’est dur d’expliquer aux gens : « t’es supposé.e faire ça parce que dans 10 ans, tu vas peut-être péter du cœur », parce que physiquement, il ne le sentent pas. Je leur explique les bonnes habitudes de vie, pis : « je refais un bilan de votre cholestérol dans trois mois ». Ils ont trois mois pour tout changer. Ils ont pas nécessairement le support que je voudrais ou que je pourrais leur donner. Parce que j’irai pas courir avec eux. Mais on pourrait faire ça, des après-midi de course (rire) ou d’activités.

É - Ouin, ouin. Comme des ateliers offerts, des genres de suivis mais plus ludiques…

P- Dynamiques, ouin.

É - Je trouve ça intéressant ce que tu dis, parce que l’inaction par rapport à sa santé, je trouve que c’est… par exemple, parce qu’on ne ressent pas les effets directs concrètement, ça rappelle aussi l’inaction climatique. J’ai l'impression que les gens ont un peu cette vision-là aussi : « tant que ça m’affecte pas directement, violemment aussi. Parce que si ça m’affecte juste un petit peu, je vais juste faire semblant que ça m’affecte pas (Pete rit) ». Mais si t’es pas à l’article de la mort, c’est pas ton problème.

P - C’est une mentalité bin répandue pour bin des affaires.

É - Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui rentrent là-dedans. La peur, le sentiment d’impuissance, les doutes, pis aussi une certaine indifférence. « Crime, si tu me dis que je suis en train de mourir, qu’est-ce tu veux que je fasse? »

P - En théorie, on meurt un peu à tous les jours (rire).

É - Effectivement.

P - Tous les jours que tu vis, tu acceptes de mourir. Pep talk (rires).

É - On dégénère à tous les jours, et à chaque jour on choisit entre : « on investit-tu dans notre santé, ou on investit pas? Est-ce qu’on investit à rapprocher notre date de péremption ou on fait des efforts concrets pour quelque chose de pas concret? » Je comprends le fait qu’il n’y aille pas de motivation, mais je pense que si les gens apprenaient aussi à mieux prendre soin d’eux, ça serait plus facile pour eux de prendre soin de leur communauté pis de l’environnement en général.

P - Mais si les gens prenaient soin d’eux, ça ferait déjà du bien à la vie en général. Si j’arrêtais de manger des plats déjà préparés, des trucs comme ça, j’irais peut-être plus au marchand du coin.

É - Bin oui!

P - Déjà là, j'aurais des petits marchés. Tu retires du transport, tu retires du…

É - Oui oui. Pis tu augmentes la qualité du produit, tu encourage l’économie locale.

P - L’achat local! On en a tu assez entendu parler (rires)! Local, où ça?! Local jusqu’à Montréal, bât***. Si déjà là, t’es comme : « Ha, bin je prends plus soin de moi ». Si prendre plus soin de moi, c’est d’aller marcher dehors, aller courir. Déjà, je suis dehors au lieu d’être dans mon char. J’ai fermé mes lumières parce que je suis sortie de chez nous, Hydro (rire).

É - Oui oui! Pis créer des liens sociaux aussi, de rester en communauté. Pis je pense que c’est plus facile aussi de, comme on avait mentionné brièvement dans le premier épisode, je pense c’est plus facile aussi de se soucier de son bien-être, du bien-être des autres, quand on connaît les gens. Quand on connaît les gens dans notre communauté, c’est plus facile de se dire : « Je veux qu’ils aillent bien ». Quand on investit en soi, c’est un peu comme un cercle vertueux où plus on investit en soi, plus on a envie d’investir en soi, plus on voit les effets positifs. Mais ça peut prendre du temps. Pis comme les impacts sur l'environnement de notre consommation, c’est jamais, bin très rarement, concret, direct. Il faut… il y a la foi là-dedans un peu qui rentre aussi. Ça prend…

P - Mais j’aime le point que tu soulèves de… le fait de vivre en communauté. Parce que moi, par exemple, dans le fin fond de la Beauce et tout, mon voisin, je le connais. Il me connaît depuis longtemps. Je veux prendre soin de lui… bin pas nécessairement. Dans le sens… si je me rendais compte que dans ma rue, l’eau est donbin dégueux. Je ferais.. pis mettons je [me rendrais compte que c’est parce que] dans mon coin, vu que je jette tous mes déchets dans l’eau, l’eau est donbin dégeu. J’aurais pas le choix de changer ça. Parce que moi je veux survivre, je veux que mes voisins survivent aussi parce que c’est quasiment mes grands-parents eux-autres aussi, mes voisins. J’ai un autre voisin, il a mon âge, il habite dans ce coin-là.

É - Vous avez grandi ensemble.

Ce petit bout de communauté-là, je m’en soucie. Feck si je voyais les impacts tout de suite sur ce petit bout de communauté-là, je ferais quelque chose tout de suite. Je me laisserais pas mourir de même. Je le verrais tout de suite. Exemple, on a un ruisseau autour de chez nous, si je voyais : « me semble que le ruisseau descend, ça descend, ça descend. I’m semble qu’il y a pu d’eau ici, qu’est-ce qui se passe? » Pis en même temps aussi ça serait le fun de faire dequoi avant de me rendre compte qu’il y a pu d’eau dans le ruisseau. Si c’était à plus petite échelle, comme on parlait. si je le sens pas, je m’en occupe pas. Pis c’est souvent … c’est toujours : « moi toute seule dans mon coin, si je fais ça, ça va tu vraiment paraître? Tu penses à ça : « Moi à mon échelle, je vais marcher tous les jours, mais ça empêche pas les grandes industries de faire ce qu’[elles[ vont faire pareil ». Des fois, tu as un sentiment de découragement : « Ouin, mais si je fais ça… »

É - … ça va être effacé par autre chose de négatif. »

P - C’est là que comme tu dis, la justice écologique vient jouer justement sur si les entreprises sont sanctionnées par : « vous jetez tant de tonnes de telles affaires, vous aurez pas le choix de payer un montant ». Mettons un montant qui fait vraiment mal. T’es comme : « Ha, bin là, j’ai pas le choix, parce que mon entreprise va péricliter». Ça fait longtemps j’ai pas utilisé ce mot-là (rire). Avoir des sanctions, souvent, ce qui va faire mal à tout le monde, c’est l’argent.

É - Pourquoi pas, pourquoi ils seraient pas obligés d’investir dans leur système de santé local? Hein? Hein?

P - Ouais!

É - Ils pourraient les subventionner eux-autres…

P - … les trottoirs (rires)!

É - Entre autres, les trottoirs, oui. Pis tsé, des ateliers comme on parlait de mise en forme ou je sais pas trop. Ils pourraient s’en occuper, eux autres, dépenser leur argent intelligemment là, pour leur communauté. Ce serait pas pire ça!

P - Comme là, mettons, à mon travail, on a quelques employés qui ont des voitures électriques. Pis une de mes collègues qui s’était informée et y’avait une possibilité que l’endroit reçoive des subventions du gouvernement pour mettre des bornes de chargement électrique. Et je te jure, pendant des mois, tout le monde parlait de s’acheter une auto électrique. Parce que c’était quasiment: « Ça fait quasiment 10 ans - bin, pas moi là - que je travaille à la même place. Si je m’achète une auto électrique pis que je sais que je peux la faire recharger à mon travail… » Mettons que tu viens de loin ou peu importe, ça t’encourage déjà un peu plus à ça aussi. Finalement, on a toujours pas de borne. Mais on dirait que la moitié du staff voulait s’acheter une auto électrique dans même semaine.

É - C’est que ça l’amène dans les discussion aussi. Juste dire « On pourrait-tu avoir ça? », ça amène aussi une préoccupation. Ça montre que y’a quelqu'un quelque part qui s’en soucie. Feck déjà là, ça encourage tout le monde à être, ça les motive dans le fond à faire leur part parce qu’il se disent : « Crime, y’a quelqu'un qui le remarque ».

P - C’est vrai. Parce que y’a un bout où tout le monde parlait de changer leur auto : « Je suis dû.e, il faut que je change, c’est brisé, pis ci, pis ça. » Grosse conversation, pendant des semaines, de : « ça coûte tant, t’économises tant ». Une de nos collègues, c'est vraiment une freak de chiffres, feck elle nous a calculé tout ça, qu’est-ce que t’économisais au bout de la ligne. Même moi j’étais comme : « j’va me mettre sur une liste d’attente! » Je ne l’ai pas fait finalement, parce que je procrastine tout ce que je fais dans vie. Mais moi je l’ai envisagé de faire : « Hey, mais j'aimerais ça avoir une auto électrique pis pouvoir la plugger, la connecter à mon travail ». C’est comme tu dis, je me sens remerciée. Tu fais l’effort écologique de faire ça? Merci!

É - On investit aussi. Tu vois que les institutions autour de toi, les institutions que toi tu fréquentes, elles appuient ces efforts-là que toi tu fais. Feck c’est comme réciproque, comme tu dis. Globalement, après tout ça, on a soulevé quand-même une bonne liste de solutions potentielles, de choses sur lesquelles on pense que ce serait pertinent de travailler en priorité. Quel genre de politiques, de normes ou d'incitatifs est-ce que t’aimerais que les personnes au pouvoir mettent en place pour t’aider dans ta transition écologique?
Ça peut être autant dans ton emploi, dans ton quartier, au niveau gouvernemental, provincial, fédéral. Au-delà de ce qu’on a parlé mettons, est-ce que y’a des règles auxquelles tu peux penser qui pourraient aider, que tu penses qui seraient vraiment pertinentes pour toi?

P - Mon dieu, c’est une grosse question! Il y a tellement de choses mais on dirait que j’ai plein d’idées mais j’en n’ai pas (rire).

É - T’as mentionné… bin dans le fond je peux revenir sur ce qu’on a dit :
Une personne exprès qui fait du conseil en développement durable , par exemple pour les hôpitaux, pour les institutions de santé, pour que ces personnes-là y pensent à l’environnement, pour que ce soit leur rôle, leur responsabilité principale.

P - J’ai dit ça, mon Dieu!

É - Bin oui, t’as dit ça! Sinon, il y a aussi que ça prendrait
un discours plus adapté à un public plus vieux, qui est plus réticent au changement souvent. Dans le même ordre d’idée, il y avait aussi
adresser les différences entre la théorie et la pratique. Parce que durant tes études, ce qui était vu était vraiment différent de comment ça s’applique,
des conseils adaptés à la réalité de la clientèle, parce que les conseils généraux qui sont donnés par la santé publique dans les annonce à la télé par exemple, sont pas adaptés aux gens dès qu’ils ont des responsabilités multiples ou des modes de vie pas standards,
Sinon, avoir un groupe d’études, c’est-tu ça, un groupe d'études sur l’environnement? Et des conférences.

P - Oui, c’est ça. Des gens qui viennent pis qui sont spécialisés dans ce qui font, peu importe. Ou juste quelqu’un qui se prêterait volontaire : « moi, au quotidien, je fais ci, ça, ça, On pourrait amener ça. »

É - Comme un comité environnement pour discuter des possibilités de rendre sa pratique plus verte au sein même de son institution.
Santé holistique aussi que t’avais mentionnée, que je trouvais intéressant. Ce que je trouve qu’on parle pas vraiment… en développement durable, c’est un concept central aussi de reculer, de prendre du recul, pis de voir dans sa globalité une variété d’enjeux, une variété de causes et de conséquences, pis une variété d’acteurs pis d’outils pour essayer d’impliquer le plus de gens possible parce que chaque personne a une partie de la solution. Ça m’a aussi fait penser à peut-être
explorer plus d’autres formes de médecines qui sont plus en..

P - … en harmonie avec la nature.

É - Exactement, exactement. Qui utilise plus… y’a plein de savoirs, là, des remèdes de grand-mère, pis toutes les savoirs autochtones aussi qui sont même pas protégés [par les peuples colonisateurs, ni valorisés] malheureusement. On pourrait les célébrer. Je trouve que le système de santé,
tout de moins par des ateliers, que tu as aussi suggérés d’ailleurs, ou par des conférences, ça pourrait être pertinent de les mettre de l’avant comme ça, de cette façon-là. Pis ça permettrait, ça enlèverait un poids énorme, sans nécessairement que le système de santé en tant que tel doive changer l’entièreté de ses pratiques, ça pourrait mettre… ça pourrait donner une alternative.

P - Parce que c’est souvent beaucoup médicaments, médicaments, pis c'est ça que le monde déteste : « Ha, tout le monde veut me vendre des Tylenols! » De plus en plus, parce que j’ai été trois ans à info santé quand-même aussi, de plus en plus, les gens me demandent d’autres solutions que Tylenols : « J’ai mal à telle place, y’a tu autre chose que je peux faire, un herbe, une plante? » Pis je sais pas quoi leur dire parce que ça fait littéralement pas partie de mes études. Moi, tout ce qui est des plantes, des roches, whatever qu’on peut trouver dans la nature, c’est carrément pas dans mes cours. Apprendre à utiliser l’environnement pour se traiter soi-même… Mais aussi, ça revient toujours à la question de qui qui finance ça? Les compagnies pharmaceutiques, c’est payant pour eux, on le sait toute. C’est une grosse entreprise, pis je commencerai pas à chialer contre les pharmacies, on en a de besoin. Mais qui qui va payer pour la recherche qu’on va faire sur « Telle plante serait bonne pour ça », on la met en marché pis c'est ça. Qui qui va regarder ça? Qui qui a le financement pour ça? Pas grand monde. En même temps, il y a des petits trucs. Souvent, les affaires naturelles, c’est plus les parents avec leur bébé qui vont y penser parce que souvent, c’est : « je veux pas donner des trucs chimiques à mon bébé. » On dirait que le bout écologique y revient quand t’as un enfant. Tu réalises que c’est un tout petit bambin…

É - C’est un retour aux sources.

P - Retour aux sources, exactement. Pis souvent, les gens veulent des trucs alternatifs. Le meilleur exemple que j’ai, c’est le sirop pour la toux. Avant, tout le monde se garrochait sur le sirop pour la toux, whatever, avec des tites cerises dessus, il goûte bin sucré. Je sais que t’as des throwback en ce moment (rires). En ce moment, la grosse tendance qui a c’est le Helixia Prospan que c’est un sirop de je sais pas quoi, parce que j’ai pas lu la boîte, mais c’est un sirop à base de trucs naturels pis les parents ils l’aiment full. Parce qu’il sont comme : « C’est naturel, c’est bon pour mon bébé. » Il y en a qui trouvent qu’il n’y a aucun changement, d’autres qui trouvent que ça va bien, comme pour n’importe quel médicament en général. Mais, ça fait carrément pas partie. Pis ça m’a fait penser à une autre affaire, une idée que j'avais eu tantôt, qu’on disait d’action là? Mettons, juste à petite échelle. Si on instaurerait une espèce de compétition saine entre cliniques médicales, je donne ça comme exemple parce que c’est là que je travaille. On vise zéro déchet cette année entre les cliniques médicales. Je dis n’importe quoi, on fera pas ça. Mais dequoi de semblable. Toutes les cliniques du secteur Desjardins, on vous met au défi, en gang, de réduire votre empreinte écologique. On documente ça. C’est comme une saine compétition entre nous autres. Sans dire qu’on vire fou pis qu’on réutilise nos mouchoirs sur nos patients (rires). J’ai une image. Une saine compétition de même, mais je pense que si on attend que ça vienne d’en haut de nous autres, ça arrivera pas, ou ça va arriver pis ça va être déjà l’apocalypse. Mais, exemple que entre nous autres on ferait ça, bin ça serait cool. Ou même juste au sein de… parce que nous, on est séparé.e.s en groupe d’infirimer.ère.s, médecins et tout, et on a des noms d’équipe que je ne nommerai pas (rire). On s’est dit… on voit ça pour le futur de juste mettre des petites compétitions. Parce qu’on se fait construire une nouvelle bâtisse pis on veut qu’il y aille un gym dedans. Ça serait cool que l’équipe 1… bin en fait on fait un concours d’équipe de c’est qui qui met le plus de minutes au gym.Ça encouragerait un peu tout le monde : « J’ai 30 minutes pis j’ai pas de patient tout de suite. Je pourrais peut-être aller me changer pis aller faire un peu [d’exercice]. » Dequoi de semblable maison au niveau écologique. Genre, c’est quelle équipe qui a utilisé le moins de papier cette semaine? Parce qu’on en imprime des affaires, on en imprime beaucoup. Mais il y a des affaires qui sont faites, dans le sens où… maintenant, on a un nouveau logiciel. Au lieu d’imprimer nos requêtes, d’aller les remettre dans le fax pis faxer ça là-bas, on peut faxer directement. Feck ça fait vraiment [une différence].

É - Ça doit vous sauver du temps aussi.

P - Mets-en! Parce qu’après ça c’est : « le fax a pas passé! » (Émie rit) Faut que tu cours après, pis tu regardes. Il y a quand-même des choses qui sont faites que maintenant que j’y pense, je le vois. Le logiciel, qui a une communication directe. J’ai pas besoin de l'imprimer, de le faxer au CLSC mais ça reste que des fois je laisse une copie papier à mes patients. Envoyer les trucs directement au lieu de tout le temps toutes faire imprimer. De plus en plus, le système de santé essaie d’aller vers du moins de papier possible, aussi parce que c’est plus simple de retracer nos infos, pis aussi c’est plus facile de lire les médecins des fois. C'est plus facile aussi de travailler comme ça, parce que tout est savé quelque part. T’as pas besoin de le chercher pis de courir après la feuille. Il y a ça. Je pense que l’idée c’était plus de pas perdre nos truc, mais le côté écologique de ça aussi c’est important. Pis même les médecins avec qui je travaille, ils ont quand-même pas mal toute une pas pire conscience écologique. C’est con, mais on porte de l’équipement individuel de protection pour la covid et tout, pis il y en a beaucoup qui se sentaient mal de devoir jeter tout le temps leur masque, leur blouse. Pis tsé, on s’entend, c’est une question de santé, de salubrité rendu là. J’en voyais des fois qui disaient : « Ah, ça me tanne de jeter ça! Il y a tellement d’affaires que j’ai jetées aujourd’hui! »

É - Ouin, pis avec la pandémie, ça a pas dû [s’améliorer].

P - Ça a sky rocketed. Parce que en plus, les crime de chemises, pas les chemises mais les blouses, au lieu d’arriver mettons juste dans la boîte en carton, ils arrivent dans la boîte en carton, dans un emballage séparé. Dans un gros sac, il y a 10 blouses. Pis ces 10 blouses-là sont emballées séparément. Pas nécessaire! Mets-moi toute ça dans boîte pis sacre-moi ça dans un taxi (rires)! Peut-être pas un taxi, c’est pas écologique (rires). Tu vois l’idée.

É - Je comprends qu’avant que ce soit rendu à l’étape de l’utilisation, il y aurait peut-être moyen de réduire l’emballage ou le modifier sans que ça nuise à la salubrité du matériel. Bon, bin globalement, selon toi,quels sont les meilleurs moyens de sensibiliser le personnel infirmier à l’environnement, et potentiellement la clientèle hospitalière par la suite?

P - Le personnel infirmier, on est des… Du moment que tu appartiens à des profession, tu as quand-même une norme de formation qui est obligatoire. Faut que tu te formes, en tout cas est obligatoire, mais tu peux [ne] pas le faire, mais c’est un peu à tes risques et périls. On est obligés de se former en continu à longueur d’année. Avant d’être en clinique médicale, j’étais à Info-Santé. Pis avant ça, j’étais en CHSLD. C’est plus facile dans le milieu où est-ce que je suis en ce moment de me former en continu parce que l’information me touche directement. J’en ai de besoin, je le reçois, versus en CHSLD où je fais juste éteindre des feux parce que j’ai pas le temps de faire autre chose. C’est simple de même : avoir de la formation qui est soit obligatoire, soit qui est juste là pis qu’elle soit prévue dans notre horaire, être payé.e pour la faire! Parce que la faire sur notre temps libre qu’on n’a déjà pas parce qu’on passe tout notre temps au travail. Là, ce n’est pas mon cas à mon travail où on est pris pour faire du TSO, mais je pense à d’autres milieux…

É - TSO?

P - Temps supplémentaire obligatoire, que t’es obligé.e de rester après. Moi, à mon travail, ça m’arrive pas, mais dans d’autres milieux, si par exemple on dit : « demain, on vous paie un avant-midi de formation sur l’environnement ». Déjà là, quand c’est sur notre temps, c’est toujours plus intéressant. Quand on a un lunch de payé, c’est encore plus intéressant. Avoir dequoi dans notre processus de formation continue qui est déjà là, je pense que se donner des défis à l’interne, entre nous autres... sans nécessairement qu’il y ait un nanane à gagner au bout de ça mais… quand tu sens que : « eux, ils ont fait tant mieux que ça, nous on pourrait… »

É - Ça ramène l’aspect qu’on disait tantôt de communauté qu’on sent que si tout le monde s’en soucie, ça nous motive à nous en soucier nous-même aussi.

P - Je pense qu’il y a pas 1000 solutions. Au final, ça part toujours de soi. Faut que ça t’intéresse, faut que ce soit un problème pour toi. Faut que tu saches qu’il y a un problème aussi. Étape un, reconnaître qu’il y a un problème. C’est sûr que en partant, la formation, c’est automatique. Après ça, par rapport aux patients, honnêtement, j'aimerais vraiment ça dire qu’il y a plein d’affaires qu'on pourrait faire, mais juste de leur faire comprendre leur maladie pis de les faire travailler là-dedans, c'est une étape en soi. Je pense que de rajouter ça comme tâche individuelle au personnel de faut que vous inculquez… Je pense c’est ça la goutte de trop. C’est full intéressant. J’y pense pis je fais comme : « J’aimerais ça ». Mais entre je veux qu’il recycle ses affaires ou je veux qu’il prenne ses médicaments et qu’il traite sa maladie, je pense que ça, ça serait pas du ressort du système hospitalier.

É - Faudrait peut-être que ce soit fait dans un autre cadre ou sous une autre forme.

P - Parce que ça va loin. Pis aussi, quand tu veux voir les gens, souvent, tu veux les voir pour un rendez-vous : ils arrivent pas, ils arrivent en retard, ils ont pas le temps, il faut qu’ils manquent du travail pour être là. Pis je suis convaincue qu’il y a bin du monde qui seraient fâchés de manquer du travail pour que je leur parle du beau temps dehors. J’y vais vraiment pragmatique.

É - Je comprends, je comprends. Peut-être qu'un rendez-vous que les gens ont déjà eu d’la misère à avoir, pis qui sont pas nécessairement à l’aise d’être là, c’est peut-être pas le meilleur moment pour leur parler de choses auxquelles ils ont déjà des réticences dans les autres moments de leur vie.

P- Mmm. Je mettrais mon énergie ailleurs. Pis c’est pas parce que c’est pas intéressant, c’est super intéressant. J’aimerais ça dire : « Oh oui, on va toute faire ça demain ». Mais on a déjà d’la misère à avoir nos patients dans le bureau, leur donner l’information, continuer de les suivre après et tout. Je pense que ça devrait pas retomber dans les mains du personnel, des professionnels de la santé qui sont déjà épuisés par autre chose. Mais en même temps, si c’était inculqué dans notre pratique, je pense que indirectement ça se ferait, mais ce serait sûrement pas genre : « Aujourd’hui on vous parle de l’environnement ». Ça serait : « en passant, vous pourriez faire ça aussi » ou justement être conscients... c’est niaiseux mais je fais une autre parenthèse dans ma parenthèse. J’avais une annonce de shampoing que j’entendais que c’était comme une nouvelle marque. Ils te demandent même dans quel milieu tu vis pour penser au fait que : « T’as besoin de tel produit pour tes cheveux parce que t’es dans un endroit qui est vraiment secs ». Avoir ce genre d’information là mais pour la santé des gens, qu’on rajouterait comme on the side, ça serait..

É - Ce qui serait vraiment adapté. On revient à… on aurait besoin d’avoir plus de ressources, de conseils qui sont adaptés à la réalité précise de la clientèle. Pis ça peut-être que ça permettrait aussi de leur donner des conseils liés, directement ou indirectement à l’environnement, qu’ils seraient prêts à écouter parce que ce serait pertinent.

P - Tu serais capable de plus faire le lien de causalité entre : « je fais ça pis ça donne ça sur ma santé ». C’est sûr je demandera pas aux gens de déménager de Limoilou, là (rire)! Mais, tsé, être plus conscients de ça : « Vous savez que telle affaire qu’il y a dans votre maison ». Justement, le chauffage au bois. Les asthmatiques, des trucs de même, on va leur dire: « C’est quel genre de chauffage que vous avez? C’est telle affaire? Vu que vous êtes asthmatique ça se peut que ça soit plus… » Je dis n’importe quoi, je dis ça vite vite. « Ça se peut que vous saignez du nez plus souvent puisque l'air est sec. »

É - Feck ça serait pertinent que vous, vous soyez informé.e.s sur les différents enjeux, peut-être locaux, des gens qui fréquentent le plus l’institution dans laquelle vous travaillez. Pis à ce moment-là, vous puissiez peut-être donner…

P - Du pratico-pratiques.

É - Exactement, des choses vraiment concrètes qui s’appliquent exactement à la personne à qui tu parles.

P - Comme quand j’explique aux gens : « Mon bébé est bin enrhumé, j’ai sorti le déshumidificateur ou l’humidificateur ou whatever. » Pis je suis comme : « Ça fait combien de temps que vous avez changé l’eau de ça? » Pis là tu réalises ça fait vraiment longtemps que l’eau est là, pis tu leur expliques que ça peut faire des champignons dans les airs. C’est pas écologique comme idée, mais…

É - C’est des choses auxquelles les gens pensent pas, mais en même temps c’est sûr c’est du gaspillage parce qu’il faut que tu le refasses après.

P - « Touchez pas à ça finalement » (rire). C’est le genre de truc que si on avait du pratico-pratiques, on pourrait juste rajouter… que ça passerait au travers du reste, que ça serait pas comme : « Êtes-vous venus ici à pied? ».

É - C’est ça. Ça serait pas des reproches, mais des informations que les gens voudraient parce qu’ils en ont besoin, parce qu’[elles] sont explicitement pertinent[e]s pour eux.

P - Pis je parlais de saine compétition, mais on pourrait même impliquer nos patients là-dedans. Leur dire : « on est dans une équipe, on fait une activité de plein air en fin de semaine pis on aimerait qui aille le plus de patients qui viennent avec nous autres. » Je dis pas qu’on commencerait à aller bruncher avec nos patients mais mettons la, un événement dans l’année durant l’été, il fait beau, on fait un événement extérieur plein air, où est ce que on veut pas parler de votre genoux qui vous fait mal, on veut juste être là. En même temps, je sais pas à quel point je voudrais passer du temps de libre que j’ai avec mes patients mais mettons une fin de semaine dans l’été, je pourrais peut-être. Un événement, quelque chose du genre. Pis la, ça serait comme : « ah, c’est l’équipe de tel médecin qui en a le plus ». Parce que juste entre nous autres [avec les collègues de travail] cette année, on a fait une course ensemble. Plusieurs cliniques étaient impliquées qu’on faisait de la course. Finalement, ça n’a pas fait une compétition à la fin, mais c’était quand-même le fun de savoir telle équipe de ma clinique étaient plus, étaient moins, ils ont fait tant de kilomètres, ils ont fait tant de kilomètres en gang, ci pis ça. Mettons qu’on ferait ça mais on impliquerait nos patients au travers de ça, ceux qui sont capables, ceux qui peuvent, ça serait full intéressant. Pis en même temps, on pourrait faire un événement, on vous parle de santé, on vous le fait pas trop remarquer.

É - C’est ça. Que ce soit plus interactif, pour créer du tissu social, que pour…

P - Punir.

É - Punir, ouais, c’est ça. Punir avec : « tu fais pas bien ci pis faudrait que tu fasses plus ça. »

P - J’ai bin des projets, je vais en parler avec ma boss (rires). Je suis sûre qu’elle serait contente en plus.

É - On a soulevé vraiment des bonnes idées je trouve, qui s’appliqueraient très bien à l’échelle des quartiers, ou même au sein d’une institution de santé peut-être.

P - Chaque fois qu’on a 100 patients d’inscrit, on plante un arbre. Pas n’importe où.

É - C’est des choses je pense qui pourraient vraiment apporter du positif dans tous les aspects. Je pense que c’est vraiment ça que le développement durable cherche à être aussi, un développement qui permet d’être durable dans toutes les sphères de la vie des gens, des communautés, des gouvernements et tout.

P - Y’a tellement de choses qu’on pourrait juste mettre en place. Tout le monde sait que j’ai bin trop de linge. Mettons qu’on ferait un vide-greniers à chaque année pis avec ça on s’achète d’autre matériel. Je dis n’importe quoi parce que en fait on est au public feck on n’a pas vraiment besoin de financement mais… notre clinique est à mi-chemin entre privée et public mais exemple là, on pourrait vendre des trucs qu’on a déjà qu’on redonne, qu’on réutilise. C’est fait pis personne se sent éduqué (rire). C’est juste : « on aurait des trucs à vendre pour tels ou tels organismes ». On demande à tout le monde : « amenez-nous des trucs que vous utilisez pu, pis on les donnerait à l’organisme telle affaire, pour telles autres personnes de la même communauté, même quartier. Feck ça serait redonné directement aux enfants ou aux familles qui en ont de besoin.

É - Pis vous ça pourrait vous permettre de vous concentrer sur d’autres aspects de votre emploi parce que vous pourriez référer [votre clientèle] à cet organisme-là parce que maintenant ils auraient les ressources nécessaires pour recevoir un plus grand volume de personnes par exemple.

P - Comme on a soulevé depuis tantôt, faut que ça passe par… ça fait du bien à tout le monde. Quand tu sens que le geste que tu fais, fait du bien à quelqu’un à côté de toi, pis que t’es capable de le voir, t’es capable de le sentir, ça te donne la sérotonine qui faut pour recommencer. Plutôt que de faire : « Aujourd’hui, j’ai marché dehors. Remerciez-moi, la planète! (rires) ».

Cet épisode a été animé par Émie, co fondatrice d’Eco Alternatives, le dictionnaire des alternatives québécoises aux produits et services conventionnels. Retrouvez le dictionnaire des alternatives à ecoalternatives.ca. Nous sommes également sur Facebook sous le nom d’utilisateur @Eco Alternatives QC. Pour toutes suggestions de thèmes de podcast, pour soumettre un article pour notre blogue ou pour toute autre question ou commentaire, n’hésitez pas à nous écrire par courriel à ecoalternatives@tutamail.com. Vous pouvez consulter tous nos épisodes en cliquant ici.