Retour

L'empreinte écologique du chocolat

March 25, 2021

Pâques arrive à grands pas, ce qui signifie que beaucoup de chocolat sera consommé au cours des prochaines semaines. Quelle est l’empreinte écologique du cacao et de sa transformation en chocolat?

Les pays les plus grands consommateurs de chocolat sont en Europe et en Amérique du Nord, mais les pays les plus grands producteurs de cacao se situent en Afrique de l’Ouest : Ghana et Côte d’Ivoire. Avec le Nigéria, ces trois pays fournissent plus de 70% de la production mondiale de cacao. Agriculture, transformation et consommation prenant part dans un coin du monde puis dans un autre, le transport du cacao ne laisse pas sa place en terme d’empreinte écologique.

De la cueillette des cabosses jusqu’à ce que les fèves soient prêtes pour le transport, le cacao subit de multiples transformations : ramassage des cabosses, ouverture des cabosses et collecte des fèves, fermentation et séchage. Ces étapes sont toutes effectuées à la main, pour un salaire qui placent les travailleurs dans une situation d’extrême pauvreté. Car oui, bien que ce soit une des industries les plus rentables au monde (plus de 100 milliards de dollars par année), la majorité des travailleuses et travailleurs du cacao vivent avec moins d’un dollar par jour, dans des villages reculés sans eau courante, infrastructure ni électricité. Le prix au kilo du cacao est fixé à Londres, sur la base de critères spéculatifs et totalement déconnectés de la réalité des travailleuses et travailleurs de l’industrie.

Et ces enjeux ne concernent pas que des adultes. Car la situation des enfants est encore pire. En effet, certains enfants commencent très jeunes à aider leur famille, d’autres n’ont pas le choix de lâcher l’école pour gagner de quoi vivre. Et plusieurs personnes, majoritairement des enfants, sont carrément vendues à l‘industrie du cacao, travaillant sans être payés dans des conditions inhumaines (on estime plus d’un million seulement en Afrique).

Vivant avec moins de 200$ par année, les agriculteurs n’ont d’autre choix que de cultiver toujours plus de cacao pour survivre. Des forêts protégées sont brûlées et remplacées par des plantations illégales de cacao (un peu comme les palmiers pour l’huile de palme). La Côte d’Ivoire a perdu plus de 80% de ses forêts, protégées ou non, dans les 30 dernières années. La culture du cacao exige également des quantités impressionnantes d’eau, environ 20 000 litres pour un kilo de fèves de cacao, soit la production annuelle moyenne d’un seul arbre!

Si l’industrie du chocolat est si lucrative, où alors se concentrent tous les profits? Et bien, c’est surtout auprès des négociants, qui achètent le cacao et commencent dans certains cas la transformation du produit, pour ensuite le revendre aux grandes compagnies de chocolat. Une dizaine de négociants contrôlent l’ensemble du marché mondial.

La transformation du cacao en chocolat se fait en plusieurs étapes (chauffage, brassage, tempérage, moulage, découpage, emballage, etc.). De multiples manipulations et transports seront encore nécessaires avant la consommation.

Comme si les obstacles anthropiques n’étaient pas suffisants, le cacaoyer est un arbre particulièrement susceptible : germination difficile, espérance de vie assez courte, grande sensibilité au froid et au soleil, feuilles fragiles, fleurs peu attrayantes pour les insectes, cabosses vulnérables aux maladies. Tout cela fait du cacao un véritable miracle. Malheureusement, son prix ne représente en rien sa rareté, l’étendue des sacrifices écologiques et humains nécessaires à sa culture, et la qualité des produits finis.


Sources

Netflix, série documentaire Rotten (Pourri), saison 2, épisode 5 : Chocolat amer

Notre-planete.info, La culture du cacao pour le chocolat : un désastre écologique et humain, article publié le 30 avril 2020

C'est pas sorcier -CACAO ET CHOCOLAT


En savoir plus

Centre du commerce international, Cacao, Guide des pratiques internationales